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"Tout est vrai, sauf ce qui est faux" : un ex-agent de la DGSE dit (presque) tout sur le quotidien d'un espion

Entre la série "Le Bureau des légendes" et les romans de John Le Carré, "Profession espion" raconte trois années dans la vie d'un agent du contre-terrorisme

Article rédigé par franceinfo - Franck Cognard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Couverture du livre d'Olivier Mas. (FRANCK COGNARD / RADIO FRANCE)

Recrutement, entraînement, missions, et même repas à la cantine : Olivier Mas, alias Beryl 614, livre le récit de ses débuts à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), de 2005 à 2008, au contre-terrorisme. Olivier Mas est le nom choisi pour signer Profession espion (éditions Hoëbeke). Béryl 614 est le nom de code qu'il s'est donné pour alimenter sa chaîne YouTube, Talks With a Spy (87 000 abonnés). Les deux sont des pseudos. L'espion qui se raconte dans le livre, paru le 24 octobre 2019, ne s'écarte pas de l'extrême discrétion érigée en règle par son ancien service. Exemple : durant huit ans, ses deux premiers enfants ont ignoré que leur père travaillait à la DGSE

Evidemment, pas de révélations dans cet ouvrage qui retrace les trois premières années (sur 13 au total) d'Olivier Mas au bureau du contre-terrorisme, section Irak puis Liban. Mais au travers de ce qui est racontable, le lecteur apprend beaucoup. Que l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri en 2005 ne se boucle pas en quelques heures chrono, mais qu'il faut des mois pour obtenir un indice, un contact et une avancée notable. Que traiter une source génère des sueurs froides, quand celle-ci parle beaucoup trop fort dans le restaurant où a lieu le rendez-vous.

Je voulais aller à l'encontre des poncifs 007, raconter à la fois les missions et les problèmes de couple.

Olivier Mas

à franceinfo

L'espion, ancien des forces spéciales (1er régiment parachutiste d'infanterie de marine), n'élude ni les échecs, ni les blocages, ni le quotidien pas toujours passionnant boulevard Mortier, au siège de la DGSE. Ni le mutisme auquel les agents sont soumis. Ainsi, cette scène, à la cantine :

"Lundi dernier, j'ai assisté à une réunion très intéressante avec un service étranger.

– Ah. Lequel ?

– Je préfère ne pas te le dire."

Olivier Mas, ou Béryl 614, quel que soit son vrai nom, ne va pas au-delà de ses toutes premières années d'officier traitant au sein de "la boîte". Pour être "pédagogique sur la profession", l'espion n'avait pas besoin, ni le droit, de retranscrire ses dernières années (il a quitté la DGSE en 2017), comme chef de poste à l'étranger. Quelques détails ont été changés dans le livre, sécurité oblige, mais le récit est passionnant, intime, et complète parfaitement un autre ouvrage de référence sur le sujet, celui de Jean-Christophe Notin, Les Guerriers de l'ombre, paru aux éditions Tallandier en 2017. 

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